Edito
"Dans le multiple…"
"Pas si simple, le monde" 2
"Sois pluriel, comme l'univers"
Fernando Pessoa
À peine a-t-il poussé son premier cri, que le nouveau-né, où qu'il soit à la surface de la terre, se trouve immergé dans la diversité des visages, des voix, des odeurs… Il lui reviendra de "faire avec", tout au long de son existence.
Paradoxe ! C'est grâce à ce frottement permanent avec sept milliards d'autres, qu'il deviendra ce qu'il est, un être de langage et de création, un roseau pensant.
Naître, puis vivre en société, dans une masse - une nasse ? - dont on peut de sentir prisonnier ou au contraire, partie prenante. Il faudra du temps et de l'énergie pour prendre conscience de soi, sujet singulier, même s'il suffit parfois d'un regard pour se sentir Un ou Une. Que d'espoir, que de doutes. Mais peut-être n'est-ce là qu'inquiétude contemporaine, miroitement d'une modernité jeune de quelques siècles seulement, issue de la Renaissance européenne ?
Multiple, multitude, multiplication : il est facile de glisser d'un mot à l'autre, de recouvrir une réalité par une autre. Faudrait-il ne retenir de la multitude que l'image flottante d'une foule bigarrée, dangereuse aussi ; le foisonnement de projets et d'idées avec la peur de s'y perdre ; la prolifération de formes et de couleurs, avec la dérive toujours possible vers la répétition, l'uniformisation.
L'écriture et la création sont pour nous une manière, parmi d'autres, de nous extraire de cette confusion redoutée. Dans les plis du poème, on trouvera des rêves d'îles ; des désirs d'être tout ou rien. On se revoit à quinze ans discutant à bâtons rompus. On repense aux langues perdues de n'être pas parlées…
L'écriture et la création sont manières de choisir ses points de vue. Pouvoir d'inventer celui de Sirius pour voir les choses de haut, de loin, à l'abri du contingent ; pouvoir d'être dedans ou dehors, dans l'imprévisible de la relation, à la recherche de ce qui, avec et contre, fait lien.
Se dévoilent ainsi, de texte en texte, quelques façons de faire où l'écriture n'est jamais solitaire, mais toujours reliée, corps à corps, cœur contre cœur, fenêtre d'ordre dans la complexité.
Odette et Michel Neumayer
20 mai 2013
Sommaire
Odette et Michel NEUMAYER Éditorial 3
MOSAÏQUES SINGULIÈRES
Bernard MORENS Vivre 5
MALIBERT Cachée aux plis du visage 6
Christiane LAPEYRE Un cas si particulier 8
Françoise SALAMAND-PARKER Je suis 9
Gianni ZUMMO Le long d'un chemin 10
Geneviève LIAUTARD À distance 11
Annie CHRISTAU Chemins de traverse 12
Jean-Charles PAILLET Derrière un visage 13
Paule BRAJKOVIC Ordinaire 14
Natalie RASSON Ces deux, mon multiple de un 15
Chantal BLANC Vibre la terre 16
Geneviève BERTRAND La vitre 17
Teresa ASSUDE Kaléidoscope 18
IMMERSION
Isabelle ZUMMO La césarienne 20
Annie CHRISTAU & Fred MALLON Quelques petites graines rouges 21
Anne-Marie SUIRE Le festin de Youme 22
Marie-Claude FOURNIER Au réveil 24
CURSIVES
"Édouard Glissant : Une approche poétique du monde"
Entretien avec François NOUDELMANN
Philosophe
LE TEMPS À L'OEUVRE
Christian CASTRY Au fil du temps 39
Claude OLLIVE E = mc2 40
Antoine DURIN Faut-il croire 41
Anne-Marie SOUFFLET Transfert 42
Magid LARIBI & Nicole DIGIER Discussion à deux voix 44
Paul FENOULT Effluves de ravissement 45
Christine LY En voix d'extinction 46
DANS LES PLIS
Jean-Jacques MAREDI Des matins comme 48
Jeannine ANZIANI Trop 50
Jean-Jacques DORIO Mailles à partir 52
Marie-Christiane RAYGOT Règne la pie 53
Fabrice FARRE Waelium 54
Pascale MAQUESTIAU Elles 55
"AU FIL DE…"
Photos d'Any SOUCHOT / Pages 19 – 38 – 47
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