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Edito
"Tapis de la mémoire"
Tapis de la mémoire, la
formule est séduisante, magique et semble facile à investir !
Prétexte à un regard en arrière, elle évoque de possibles superpositions
et sédimentations. Le temps préside aux agencements, temps minéral,
végétal, humain. Le tapis infini de nos vies donnerait fond, forme et
cohérence aux fragments dépareillés de nos expériences. Fiction
productive. Le texte reconstituant l'histoire cachée sous les
arabesques, la rendant présentable.
Il nous a plu d'associer notre réflexion sur l'archive à l'art
millénaire de nouer des tapis, jusqu'à en faire un lieu commun
d'archivage et de stockage.
Il nous a plu de nous interroger sur la manière dont nos mémoires
captent et retiennent les souvenirs, entre chaine et trame.
Comme si, dans cette mise à plat de nos fêtes et de nos deuils, de nos
joies et de nos peurs, prévalait le besoin de nous protéger de l'oubli.
Nous nous sommes vus en archéologues du savoir. L'horizontalité invitant
à chercher la profondeur sous le plan, à scruter les motifs, à
comprendre les origines.
Il est des tapis faits main, avec des trous, des défauts, en un mot
rudimentaires. La mémoire serait-elle contingente ?
Il en est qui sont faits pour vivre, moelleux, rares, réservés à la
méditation. La mémoire serait-elle un luxe ?
On sait que la singularité de l'oeuvre tient à la personne qui l'a faite
et au lieu qui l'a vu naître. Autant de personnes, autant de nobles
desseins. Chacun associe couleurs, matières, douceur du velours,
épaisseur de la laine et décide en maître tisserand de la destinée de
cette archive vivante, imprévisible, qui - paradoxe - se patine et se
régénère.
Mais où iront, plus tard, ces chronologies inédites, ces héritages ?
Envolé le tapis !
Odette et Michel Neumayer
Carnoux, le 26.03.2010
Pour Jeronimo
Un de nos plus jeunes auteurs, Jeronimo Samson, a quitté trop vite et
trop tôt notre terre, nous laissant consternés et malheureux. Notre
pensée attristée va vers sa famille, ses parents, son frère, ses amis.
Filigranes avait accueilli ses premiers textes pour soutenir ses débuts
d'enfant puis d'adolescent en littérature (lire les numéros 63 et 72).
Elle se trouve dépositaire d'un fragment de sa mémoire. Elle se souvient
de son audace et de sa verve.
(c) D. M.
Sommaire
Odette et Michel NEUMAYER Éditorial -
p.3
STRATES
Anne-Marie BERNAD Longtemps après 5
Michèle MONTE Humus 6
Daniel LEFEBVRE Chairs d'hier et de demain 8
Xavier LAINÉ Lorsque mes yeux d'enfant s'ouvrent 11
Marie-Claude FOURNIER Mémoire des roches et des chemins 10
Françoise SALAMAND-PARKER Geo logique 12
Anne-Marie SUIRE Pourquoi les gens… 14
Cécile LEROY Les souvenirs 15
Christiane LAPEYRE Déchiffrer les sources 16
Christian CASTRY Taghit 17
Teresa ASSUDE Éclats et plissements 18
CURSIVES 21
"La photo, c'est d'abord de la lumière"
Entretien avec Pascal BONNEAU
photographe
MOTIFS
Geneviève BERTRAND Arbres de mémoire
30
Claude BARRÈRE À l'horizon du temps perdu 32
Odette NEUMAYER Cela 33
Arlette ANAVE Mémorial (2) 34
Any SOUCHOT Théâtre de vie sur papier 36
Paul FENOULT Variation en la mineur 37
Claude OLLIVE La lissière de la Vaysse 38
Marie-Noëlle HOPITAL Figure ambiguë 39
AFFINITÉS
Josette FONTAINE Décide-t-on de naître ? 41
Jeannine ANZIANI Sous les cyprès exactement 42
Luc BROUTIN Amos Oz disait… 44
Fred MALLON Souviens-toi 46
Annie CHRISTAU Oui, je me souviens du vent 47
Lou VERNET Hier 48
Nicole DIGIER Anaïs au pays des merveilles 50
Cécile-Marie Hadrien Écrire, fil à fil 52
Chantal BLANC De l'espace tissé… 54
Marie-Christiane RAYGOT La peur n'est plus… 55
Les photos des pages 20 – 29 – 40
sont prises par Daniel MONTE.
(c) D. M.
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat. "filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en transparence dans certains papiers. (Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte. |