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Edito
Correspondre n’est pas seulement écrire, mais c’est
aussi écrire. C’est traduire le désir en signes, à la fois précaires et
définitifs, lettre à lettre, langue à langue. C’est (s’)ouvrir sur l’AUTRE et
lui signifier sa présence à soi, en soi, en lui. Pendant quelques instants il y
a rapt, prise de pouvoir sur tes yeux pour que tu me lies, me lises et me
relises en te demandant : "pourquoi moi ?"
L’affaire est ici facile, le destinataire connu, la
connivence établie, le code admis d’avance. Le besoin crée l’attente. Alors,
complicité promise comme terre profonde où je plante mon verbe à renaître en ta
chair ?
Quand on ne peut plus parler, quand on est dans
l’obligation de vaincre et l’absence et l’espace et le temps, le plus court
chemin entre toi et moi est la ligne droite ou penchée. Mots illisibles, parfois
ultimes… Il y a aussi des adieux, une histoire dans l’histoire.
Correspondre n’est pas seulement écrire, mais c’est
aussi écrire, c’est risquer l’échange, entendre l’altérité.
Donc une histoire d’eau et de sel, d’amour avec un
PAYS, un PAYSAGE. Résonances subtiles avec un LIVRE, une PEINTURE, une MUSIQUE,
"affinités électives", goût du paradoxe. Le décalage avec l’objet, est-ce l’oeil
qui le produit ou un effet du réel ?
Jusqu’où ira le percipi du vent, avec ses accents de
folie sous-jacente et ses mots lourds d’une atmosphère que je ne connais pas ?
Odette et Michel Neumayer
20 juin 1988 |
FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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