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Edito
"Il y a des moments où l'on oublie
expérience et précautions"
Jacques ABEILLE, Les carnets de l'explorateur perdu, Editions Ombres
Le feu continu est là, au sein même de la question.
"Qu'est-ce qu'écrire ? Écrire, pour quoi faire ?". Les textes, chantiers où l'on
s'aventure seul et pourtant accompagné, témoignent de la persistance têtue du
faire pour que se construisent des réponses toujours singulières.
Pris dans nos limites et nos explications, nous tentons de
démêler la polysémie du faire. Le temps n'appartient-il qu'à l'urgence ? Que
sais-tu de ce que tu fais ? Comment parles-tu de ce que tu as fait ? Tu
t'ingénies à lancer des passerelles entre l'être et l'invisible du faire, à
trouver, d'activités infiniment réinventées en quête délibérée d'hominisation,
un mode d'emploi inédit à cet horizon qui t'échappe sans cesse.
Certains textes ne s'écrivent que pour traquer l'énigme de
leur propre production. Détricoter la trame et la retricoter. Ils portent plus
que de coutume la trace apparente d'un faire en travail, au-delà du texte et
l'englobant. Travail d'écriture, cristallisant des lois, des normes, des rites,
à l'échelle de la page et pour le plaisir d'exister. La langue contrainte,
arrondie, tordue parfois, sort pourtant de l'épreuve comme vierge à nouveau,
l'air de couler de source. Subtilités du jeu comme acte de faire avec de
l'absence.
D'autres textes, souvenirs d'un faire particulier, sont
matières à histoires, jubilations, desseins donnant du sens aux actes. Quand au
faire succède le dire, quand le faire est union d'expérience et de connaissance
alors s'annoncent les saisons d'émancipation.
Odette et Michel Neumayer
29 novembre 1993
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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