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Edito
"… et c’est bien
cela l'effroi même de la littérature,
c’est toujours en deçà, quand ça commence,
c’est déjà révolu."
Georges-Arthur Goldschmidt
"La matière de l’écriture"
Passion : vient de « souffrir ».
Mouvement violent, impétueux, de l'être vers ce qu'il désire ; émotion puissante
et continue qui domine la raison. Sur le coup, la passion ne peut que se crier,
mais on sait, d'avance et d’expérience, que l'élan ne durera pas.
Un jour, une fois passée, apaisée,
la passion s’écrira. Elle sera le manque qui précède l’écriture. Car il faut une
preuve après coup que quelque chose flamboyant a eu lieu.
Dans le prisme de l'écriture,
l’objet de la passion, disparu de la scène – mais ne cessant de l'obséder -
apparaîtra tout autre.
Alors, dans l'attente peut-être
d’un nouveau surgissement de soi-même, chacun s'ingéniera à discerner ce qui
aliéna sa lucidité et exalta de façon éphémère et à jamais sa vie.
L’écriture sera cette démarche
difficile et patiente, révélant les conséquences et piégeant les dissonances.
Tentative de reconquérir un rivage devenu inaccessible, elle dira les détours du
destin, l’amour, la mort, les ruptures, le frémissement du souvenir, l’indicible
du bonheur, l’impuissance et la violence, la perte… mais aussi les amoureux
ébats entre la plume et le signe, le burin et la pierre.
L'écriture sera dans le même
temps, hommage à la mesure et quête de dépassement ; tirée d’un bord à l’autre
dans cet espace du dedans, oblique, désaccordé, que l’on ne reconnaît plus, mais
que l’on sait être profondément sien, elle fondera, en contrepoint la fugitive
vérité.
Odette et
Michel Neumayer
Janvier 2000
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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